Avant-propos des coprésidents du Groupe de référence FP2020
La planification familiale a le pouvoir de changer le monde.
Le changement commence par le choix de vie d’une femme. Avec l’accès à la contraception moderne, une femme ou une jeune fille peut elle-même décider si et quand elle est physiquement, psychologiquement et financièrement prête à porter un enfant. Elle peut se concentrer sur l’achèvement de ses études ou l’épanouissement de sa carrière professionnelle et décider le moment venu de planifier et espacer ses grossesses afin que ses enfants et elle-même soient en bonne santé. Elle peut offrir à ses enfants plus de choses essentielles à leur réussite dans la vie (alimentation saine, soins médicaux, éducation) et les voir devenir des adultes en bonne santé et instruits qui contribueront à leur tour à la société par leur productivité. Ce cercle vertueux qui commence par l’émancipation d’une femme peut permettre à des familles, voire à des communautés entières de sortir de la pauvreté.
Le travail qui nous attend en tant que partenaires est clair : nous devons faire preuve de volontarisme et donner un nouvel élan à notre engagement de façon courageuse, sérieuse et concrète.
Family Planning 2020 est fondé sur le postulat selon lequel la contraception moderne et ses innombrables avantages qui changent la vie devrait être accessible à chaque femme et à chaque jeune fille partout dans le monde. L’objectif que nous avons fixé au Sommet de Londres de 2012 sur la planification familiale va dans ce sens : donner accès d’ici 2020 à la planification familiale volontaire et basée sur les droits à 120 millions de femmes et de jeunes filles supplémentaires dans les pays les plus pauvres.
Ces trois dernières années, nous avons réalisé d’énormes avancées. Les partenaires de FP2020 mettent à disposition, pour la première fois, des programmes de planification familiale et des méthodes de contraception pour des millions de femmes et de jeunes filles, y compris les plus démunies, les plus vulnérables et les plus difficiles à toucher. Pour la première fois, 290,6 millions de femmes et de jeunes filles dans les 69 pays cibles de FP2020 utilisent désormais une forme de contraception moderne, ce qui représente une augmentation de 24,4 millions depuis 2012. Au cours de l’année passée uniquement,1 80 millions de grossesses non désirées ont été évitées, 26,8 millions d’avortements à risque ont été empêchés et les vies de 111 000 femmes et jeunes filles ont été sauvées, tout cela grâce au fait qu’elles aient pu utiliser des méthodes de planification familiale modernes et efficaces.
Pourtant, alors que nous arrivons à mi-chemin de notre objectif de 2020, nous faisons face à un retard que nous ne pouvons pas nier. Nos avancées, bien qu’importantes, ne suivent pas le rythme prévu. Bien que 24,4 millions supplémentaires de femmes et de jeunes filles aient désormais accès à des méthodes de contraception modernes, cela représente 10 millions de moins que l’objectif de 2015 que nous avions prévu lors du Sommet de Londres de 2012. Dans des pays où la population est en croissance rapide, le simple fait de maintenir les niveaux de services existants est une tâche titanesque ; étendre ces programmes nécessitera un effort encore plus grand. Des ressources supplémentaires et des interventions ciblées sont nécessaires pour aborder les défis existants et offrir des approches innovantes à grande échelle.
Photographie : Prashant Panjiar/FP2020
L’année passée nous a aussi rappelé, de façon tragique, l’absolue nécessité de disposer d’une infrastructure de soins de santé solide et durable. L’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest et le tremblement de terre au Népal ont été deux catastrophes poignantes ayant coûté la vie à des milliers de personnes et endommagé des systèmes de santé entiers.
Le travail qui nous attend en tant que partenaires est clair : nous devons faire preuve de volontarisme et donner un nouvel élan à notre engagement de façon courageuse, sérieuse et concrète. Nous devons nous demander
ce que nous pouvons faire de plus, à travers nos institutions individuelles et nos partenariats, pour nous rapprocher de notre but. Notre investissement dans la collecte et l’analyse de données au cours des trois
dernières années nous a fourni des preuves sans précédent concernant la planification familiale ; il nous revient désormais d’utiliser ces connaissances pour nous concentrer sur les programmes et les interventions qui fonctionneront. Nous devons agir d’urgence si nous voulons tenir la promesse que nous avons faite à des millions de femmes et de jeunes filles qui veulent pouvoir décider de leur avenir.
La bonne nouvelle est qu’il s’agit du moment idéal pour nous rassembler en tant que communauté. C’est une année charnière pour le développement mondial. Avec le lancement des Objectifs de développement durable, la nouvelle Stratégie mondiale pour la santé des femmes, des enfants et des adolescents, et les mécanismes de financement mondiaux élargis pour la santé, nous avons là une opportunité unique pour notre génération de tracer la voie vers un monde conforme à notre idéal.
Nous devons agir d’urgence si nous voulons tenir la promesse que nous avons faite à des millions de femmes et de jeunes filles qui veulent pouvoir décider de leur avenir.
L’accès universel à la planification familiale et aux services de contraception est une composante essentielle de ce monde. Il est temps de bâtir des ponts entre nos partenaires par secteurs (ceux travaillant sur l’amélioration de l’éducation, la santé des mères, l’égalité économique et les politiques environnementales) afin de démontrer que la planification familiale volontaire et basée sur les droits est la base de tous les autres aspects du développement. L’objectif de FP2020 de toucher 120 millions de femmes et de
jeunes filles d’ici 2020 est une étape extrêmement importante dans la perspective de remplir les Objectifs de développement durable et l’accès à la contraception pour tous d’ici 2030.
En donnant aux femmes et aux jeunes filles la capacité de planifier leur vie familiale, nous (et elles) pouvons véritablement changer le monde.
Dr. Babatunde Osotimehin
Vice-secrétaire général des Nations Unies et Directeur exécutif, Fonds des Nations Unies pour la population
Dr. Chris Elias
Président du Programme de développement mondial, Fondation Bill & Melinda Gates
1. Mesures prises de juillet 2014 à juillet 2015.
