Les femmes et les jeunes filles au coeur du développement
« Quelle que soit la douleur que je dois supporter, je la supporterai », dit calmement Tanka Kumari Bisunke. « Je veux juste que mes enfants soient en bonne santé, mangent à satiété, aient de quoi se vêtir et aillent à l’école. J’en serais infiniment heureuse. »
Tanka Kumari et son mari Setu vivent avec leurs trois enfants à Sitalpati, un village isolé du district de Sindhuli au Népal. La vie y est très dure et le couple peine à joindre les deux bouts. Leur souci constant est de gagner assez pour nourrir et vêtir leurs enfants. Les deux cadets vont à l’école, mais le fils aîné reste à la maison pour aider aux tâches ménagères pendant que ses deux parents travaillent.
Depuis des années, Tanka Kumari marche régulièrement une heure et demie pour se rendre au centre de santé le plus proche afin de recevoir ses injections contraceptives. Elle et Setu ont décidé il y a longtemps qu’ils ne pouvaient accueillir d’autres enfants au sein de leur famille. Tanka Kumari a elle-même grandi dans une famille de 13 enfants, dont seulement 4 ont survécu jusqu’à l’âge adulte. Ses souvenirs d’enfance sont un mélange confus de faim et de pauvreté.
En avril 2015, un tremblement de terre dévastateur a touché le Népal et tout a changé. Tanka Kumari se souvient qu’elle travaillait dans les champs lorsque le sol s’est mis à trembler. Paniquée, elle a couru chez elle pour retrouver son mari et ses enfants. Ils ont tous passé la nuit dans un champ et n’ont depuis lors pas pu retourner vivre dans leur maison endommagée. Dans la confusion des jours suivants, elle a perdu sa carte de planification familiale qu’elle utilisait pour garder une trace de ses injections contraceptives.
Incapable de savoir quand devait avoir lieu sa prochaine injection, Tanka Kumari est tombée enceinte. Elle attend actuellement son quatrième enfant et a peur. Elle s’inquiète pour le bien-être de ses enfants et leur avenir. Elle s’inquiète de ne pas pouvoir leur donner les choses dont ils ont besoin, les choses qu’elle n’a pas eues.
L’histoire de Tanka Kumari nous rappelle que les besoins des femmes en matière de contraception ne disparaissent pas en temps de crise. L’accès à des soins de santé de qualité et à la planification familiale demeure essentiel.
« Je veux simplement que mes enfants soient en bonne santé et bien portants. »
Gyan Chandra Rajbanshi, en charge du centre de santé de Sitalpati, conseille les Bisunke et d’autres familles du district. Avec le soutien du gouvernement népalais et de l’UNFPA Népal, il travaille sur l’analyse du recours à la planification familiale au niveau local. Les résultats aideront les chargés de santé à développer des stratégies pour améliorer l’accès des femmes aux informations sur la contraception et aux contraceptifs.
« La vie est dure pour les femmes ici », ajoute Gyan Chandra. « Elles s’occupent des enfants et du bétail, préparent les repas, s’occupent de leurs maris et donnent naissance à beaucoup d’enfants. Chaque femme devrait avoir le droit de prendre des décisions éclairées sur le nombre d’enfants qu’elle souhaite mettre au monde. »
Tanka Kumari prévoit déjà de reprendre une contraception dès qu’elle le pourra. Lors de leur séance d’information avec Gyan Chandra, elle et Setu ont décidé qu’après la naissance du bébé, ils trouveront une méthode de contraception à long terme.
« Nous retenons parfois une leçon de vie importante lorsqu’il est déjà trop tard », dit-elle. « Je partage mes expériences avec d’autres couples pour qu’ils puissent tirer profit de ces enseignements à temps. Une fois que mes enfants auront grandi, je leur apprendrai à décider combien d’enfants ils souhaitent avoir. »
FEMMES ET JEUNES FILLES EN SITUATION DE CRISE HUMANITAIRE
Les femmes et les jeunes filles font face à des défis particuliers en situations de crise et l’accès à la planification familiale et autres services de santé reproductive est essentiel.
FP2020 souhaite remercier ses partenaires au Népal pour leur aide pour documenter l’impact du tremblement de terre d’avril 2015 sur la capacité des femmes et des jeunes filles à accéder aux informations, services et produits de planification familiale.
Photographie : Prashant Panjiar/FP2020
