Analyses spéciales : Méthodes de contraception utilisées
Cette analyse spéciale est prise de FP2020 Engagement à l’action : Annexe sur le programme de mesure
Dans cette rubrique, nous présentons trois analyses des méthodes de contraception utilisées.34
Tout d’abord, nous analysons la prévalence contraceptive pour identifier l’existence d’un penchant pour une méthode, selon la dernière enquête disponible dans chacun des 69 pays de FP2020.
Ensuite, pour un sous-ensemble de pays disposant de données suffisantes recueillies depuis 2012, nous examinons la façon dont le penchant pour une méthode a évolué au fil du temps.
Enfin, pour le même sous-ensemble de pays, nous examinons les changements les plus prononcés dans la prévalence de types spécifiques de méthodes de contraception.
Les analyses présentées ici démontrent que les tendances pour les méthodes utilisées sont complexes et doivent être envisagées dans le contexte de nombreux facteurs. Examiner le penchant pour une méthode de façon isolée ne permet pas d’obtenir une vision globale de la situation. Cependant, lorsque l’on envisage ce facteur avec la diversité des méthodes, l’utilisation de méthodes traditionnelles et la prévalence contraceptive générale, on peut mieux déterminer si les méthodes utilisées d’un pays sont « équilibrées » et comprendre les implications que cela peut avoir pour le choix des femmes.
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PENCHANT POUR UNE MÉTHODE DANS LES 69 PAYS CIBLES DE FP2020
Dans cette rubrique, nous examinons la prévalence de 10 types de méthodes contraceptives dans les méthodes utilisées générales d’un pays. La prévalence de la méthode est la proportion ou « part » de l’utilisation tenue par chaque type de méthode de contraception, avec la somme de tous les types équivalant à 100 %.
Les méthodes utilisées examinées ici sont composées de 10 types : quatre méthodes à long terme et permanentes (LAPM), cinq méthodes à court terme (STM) et toutes les méthodes traditionnelles regroupées.
Lorsque la prévalence d’une méthode unique s’élève à 40 % ou plus, nous l’appelons « penchant pour une méthode ». La gamme de 40 % à 60 % est considérée comme un niveau modéré de penchant pour une méthode. Un résultat d’au moins 60 % est considéré comme un penchant élevé. On utilise le terme « prédominance d’une méthode » pour indiquer qu’une méthode est prévalente de façon disproportionnée.
Nous nous sommes basés sur l’enquête nationale la plus récente de chaque pays35 pour analyser la prévalence de 10 types de méthodes de contraception, et nous avons découvert que 40 des 69 pays de FP2020 présentaient un penchant pour une méthode. Parmi ces 40 pays, la méthode prédominante était de type « traditionnel » dans seulement quatre pays. Les LAPM représentaient le type de méthode prédominante dans neuf pays, tandis que les STM étaient la méthode prédominante dans 27.
La présence d’un déséquilibre des méthodes utilisées ou d’un niveau modéré de penchant pour une méthode ne représente pas forcément un problème. Le penchant pour une méthode pourrait résulter de la préférence des utilisatrices ou du succès d’une nouvelle méthode. Lorsque le penchant pour une méthode est présent en même temps que l’augmentation de l’utilisation globale, il pourrait indiquer un développement positif : une plus grande disponibilité des méthodes et une amélioration du choix, ainsi qu’une augmentation de la prévalence contraceptive.36 Des exemples sont présentés dans la rubrique suivante.
En outre, « un équilibre total des méthodes utilisées, avec des proportions égales pour toutes les méthodes, ne représente jamais un objectif des programmes, puisque cela impliquerait, par exemple, que l’utilisation de préservatifs soit la même que celle des implants contraceptifs et que l’utilisation du DIU soit la même que celle de
la stérilisation masculine. L’objectif est plutôt d’éviter un déséquilibre évident des méthodes utilisées, sans préciser spécifiquement dans quelle mesure les méthodes utilisées doivent être
équilibrées, tout en élargissant l’accès à une plus grande variété de choix de méthodes ».
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Le tableau 3.1.1 présente les pays dans lesquels une méthode prévaut parmi les méthodes utilisées. Ils sont divisés en fonction du niveau du penchant, modéré ou élevé, et la méthode dominante est indiquée. Les pays sont ensuite divisés en sous-groupes selon leur TPC : faible (0-15 %), modéré (15-45 %) et élevé (45 % et plus), provenant de l’enquête utilisée pour rapporter le penchant pour une méthode.
Comme indiqué dans le tableau 3.1.1, les niveaux modérés et élevés du penchant pour une méthode existent à tous les niveaux du TPC.
Le penchant pour une méthode doit être interprété dans le contexte du TPC d’un pays ; dans un pays dont le TPC est très bas, la prédominance d’une méthode particulière peut résulter du fait que les premières utilisatrices de contraceptifs partageaient des préférences similaires, ou de l’adoption d’une méthode favorisant la croissance du TPC. La prédominance d’une méthode dans un pays dont le TPC est élevé pourrait refléter les préférences des femmes ou l’infrastructure de la prestation des services de planification familiale dans le pays.
CHANGEMENT AU NIVEAU DU PENCAHNGT POUR UNE MÉTHODE AU FIL DU TEMPS
Comment le penchant pour une méthode a-t-il changé au fil du temps dans les pays cibles de FP2020 ? Pour répondre à cette question, nous avons limité notre analyse aux 38 pays disposant de données d’enquêtes suffisantes datant de 2012 ou ultérieures, qui nous permettent de voir comment les choses ont changé depuis
l’époque du Sommet de Londres.
On a identifié un penchant pour une méthode dans 23 des 38 pays, dans leur enquête la plus récente, dans l’enquête à laquelle on l’a comparée auparavant, ou dans les deux.38 Nous avons ensuite classé ces pays selon qu’ils aient connu l’apparition, ou la disparition, d’un penchant pour une méthode modéré (une seule méthode ayant une prévalence de 40-60 %) ou d’un penchant pour une méthode élevé (une seule méthode ayant une prévalence d’au moins 60 %).
Nous avons observé des changements (dans l’apparition ou la disparition du penchant et entre le niveau modéré ou élevé du penchant) dans 13 pays, comme indiqué aux pages 66-67.
- Le penchant pour une méthode a diminué dans quatre pays, et il est passé d’élevé à modéré (Djibouti, RD du Congo, Égypte et Kirghizstan).
- Le penchant pour une méthode a totalement disparu dans trois pays. Dans deux de ces pays, il s’agit de la disparition de la prédominance de méthodes traditionnelles (Comores, Togo). Dans l’autre pays, la prédominance des contraceptifs injectables a disparu (Lesotho).
- Six pays qui ne présentaient pas de penchant pour une méthode ont connu l’apparition d’un penchant pour une méthode modéré. Dans ces six pays, la méthode dominante était de type moderne (contraceptif injectable : Gambie, Haïti, Libéria, Sierra Leone ; pilule : Niger ; implants contraceptifs : Burkina Faso). Les six pays présentent un faible TPC,39 allant de 7,1 % (Gambie, femmes mariées ou vivant en couple) à 23,6 % (Haïti, toutes les femmes).
- Dans 10 pays, il n’y avait aucun changement du penchant pour la méthode ; tous les pays ont continué à avoir un penchant pour une méthode modéré ou élevé ; avec la prédominance d’une méthode moderne.
Dans les pays dont le TPC est bas, l’utilisation croissante d’une méthode moderne, qui provoque l’apparition d’un penchant pour une méthode, peut en réalité contribuer à une augmentation du TPC total du fait que les utilisatrices choisissent une méthode qui n’était pas disponible auparavant.40
Le Libéria en est le parfait exemple. L’enquête EDS de 2013 dans ce pays révèle que les contraceptifs injectables sont devenus prédominants parmi les méthodes utilisées et que, la même année, le TPC (pour toutes les femmes) s’élevait à 21,7 %, par rapport à 13,3 % selon l’enquête EDS de 2007.
Ce cas, et la conclusion selon laquelle les cinq pays dont les profils de méthodes utilisées ont connu l’apparition du penchant pour une méthode sont des pays dont le TPC est bas (inférieur à 25 %), souligne l’importance d’examiner les méthodes utilisées dans le contexte de la prévalence contraceptive globale.
CHANGEMENT DE L'UTILISATION DES TYPES DE MÉTHODE
Quelles sont les méthodes dont l’utilisation a le plus augmenté ? Parmi les 69 pays cibles de FP2020, 29 disposent de données suffisantes recueillies à l’époque du Sommet de Londres pour appuyer cette analyse. Nous avons comparé les enquêtes les plus récentes de ces pays avec les données de leur enquête précédente du même type (c’est-à-dire, nous avons comparé l’enquête EDS la plus récente d’un pays à son enquête EDS précédente ; ou son enquête PMA2020 la plus récente à son enquête PMA2020 précédente, et ainsi de suite).
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La moyenne du temps écoulé entre les enquêtes est de six ans (les valeurs oscillant entre 1 an et 16 ans). Pour chaque méthode, le changement annuel moyen de la prévalence de la méthode (par ex., le pourcentage de femmes utilisant la méthode) était envisagé.
« On reconnaît depuis longtemps que la
disponibilité de seules 1 ou 2 méthodes de contraception dans un pays restreint l’utilisation totale de contraceptifs et limite les options dont disposent les femmes et les couples pour contrôler leurs grossesses. À l’inverse, l’ajout de méthodes élargit les choix pour les femmes et les hommes, et augmente l’utilisation de contraceptifs. »
- ROSS ET AL 2015
Dans l’ensemble, on remarque que deux méthodes connaissent les augmentations les plus fréquentes et les plus importantes : les contraceptifs injectables et les implants contraceptifs. Les graphiques ci-dessous indiquent, pour chaque méthode, les cinq pays qui connaissent l’augmentation annuelle moyenne la plus importante entre les deux enquêtes.42
Dans trois pays, l’utilisation accrue de ces méthodes a été associée à une diminution de l’utilisation d’autres méthodes. Ces pays sont l’Éthiopie (contraceptifs injectables), la Zambie (LAM) et le Zimbabwe (pilule). Dans les pays restants, on observe une augmentation de l’utilisation de toutes les méthodes.
L’augmentation de la prévalence des contraceptifs injectables correspond aux résultats de notre analyse du penchant pour une méthode. Néanmoins, l’augmentation de la prévalence des implants contraceptifs n’a pas entraîné de changements du penchant pour une méthode, puisque les niveaux de référence en matière d’utilisation d’implants étaient très bas dans de nombreux pays. Cependant, il a été démontré que les implants contraceptifs augmentent la diversité des méthodes modernes dans les méthodes utilisées.
34. Les estimations de cette rubrique diffèrent de celles que nous présentons pour l’Indicateur de base 9, les méthodes modernes de contraception utilisées, car ces analyses comprennent les méthodes traditionnelles comme type de méthode.
35. Remarquons que seuls 38 des 69 pays cibles de FP2020 disposaient de données d’enquêtes nationales appropriées datant de 2012, ou
ultérieures, pour appuyer ces analyses. Lorsque des enquêtes sur toutes les femmes n’étaient pas disponibles, les enquêtes sur les femmes mariées/vivant en couple étaient utilisées.
36. Ross J, Stover J. Use of modern contraception increases when more methods become available: analysis of evidence from 1982–2009. Glob Health Sci Pract. 2013;1(2):203-212. http://dx.doi.org/10.9745/GHSP-D-13-00010.
37. Ross J, Keesbury J, Hardee K. Trends in contraceptive method mix in low- and middle-in come countries: analysis using a new “average deviation” measure. Glob Health Sci Pract. 2015;3(1):34-55. http://dx.doi.org/10.9745/GHSP-D-14-00199.
38.Pour être choisie, l’enquête précédente devait comprendre des données sur les méthodes utilisées pour la même population (toutes les femmes, ou les femmes mariées ou vivant en couple) que l’enquête la plus récente. Dans deux pays (Gambie et Tadjikistan), les données de la nouvelle enquête pour toutes les femmes ne pouvaient pas être utilisées pour l’analyse, puisqu’il n’existe pas d’enquête précédente sur les données de toutes les femmes dans ce pays. Il nous est donc impossible de les comparer. Par conséquent, les valeurs pour les femmes mariées de l’enquête la plus récente ont été utilisées pour l’analyse comparative.
39. Le TPC est indiqué selon l’enquête la plus récente, pour correspondre aux valeurs indiquées concernant
les méthodes utilisées.
40. Ross J, Keesbury J, Hardee K. Trends in the contraceptive method mix in low- and middle-in come countries: analysis using a new ‘‘average deviation’’ measure. Glob Health Sci Pract. 2015;3(1):34-55. http://dx.doi.org/10.9745/GHSP-D-14-00199.
41. . En raison des différences au niveau de la méthodologie entre les enquêtes EDS, MICS, PMA2020 et autres, il est préférable de comparer les changements de la prévalence de méthodes spécifiques selon deux points de données provenant du même type d’enquête. Par
conséquent, dans certains cas, une enquête plus ancienne a été utilisée pour la comparaison si l’enquête précédente n’était pas du même type. Cela a donc également impliqué d’exclure les pays ayant des enquêtes récentes, mais pas d’enquêtes précédentes du même type. Les pays suivants ont été exclus de cette analyse : Bénin, Burkina Faso, Burundi, Djibouti, Gambie, Inde, Mongolie, Népal, Tadjikistan, Ouganda et Vietnam.
42. Sources : Éthiopie (TF) : PMA2020 2014 R2 et PMA2020 2014 R1 ; Kenya (MC) : pEDS 2014 et EDS 2008-09; Lesotho (MC) : pEDS 2014 et EDS 2009; Libéria (TF) : EDS 2013 et EDS 2007 ; Malawi (MC) : MICS 2014 et MICS 2006 ; Sénégal (TF) : EDS 2014 et EDS 2012-13 ; Sierra Leone (TF) : EDS 2013 et EDS 2008 ; Zambie (TF) : EDS 2013-14 et EDS 2007 ; Zimbabwe (MC) : MICS 2014 et MIMS (MICS) 2009