Regardons de plus près : l'Indonésie
GOTONG ROYONG : LA PLANIFICATION FAMILIALE À L’INDONÉSIENNE
Dans son discours au Sommet de Londres sur la planification familiale en juillet 2012, le Dr Agung Laksono, alors Ministre coordinateur pour le Bien- être social de la République d’Indonésie, a présenté l’expression gotong royong. Elle fait référence au principe d’entraide et de responsabilité partagée indonésien. Gotong royong, a expliqué le Dr Laksono, est la force motrice derrière l’engagement de l’Indonésie en faveur de la planification familiale.
Durant les trois années qui ont suivi, l’Indonésie a réalisé d’importants progrès pour se conformer à son engagement. Un large groupe de parties prenantes collaborent pour revitaliser, tant à l’échelle nationale que locale, le programme de planification familiale du pays. Et l’esprit de gotong royong est partout manifeste.
Le nouveau programme indonésien de couverture santé universelle, lancé en janvier 2014, inclut la planification familiale financièrement accessible ou gratuite pour les couples répondant aux critères d’éligibilité. Des services mobiles plus développés permettent de faire parvenir des contraceptifs même dans les zones les plus reculées de l’archipel. Plus de 23 500 stages consacrés à la planification familiale sont en cours d’actualisation et l’État met en place des formations pour des milliers de sages-femmes et médecins.
Pour garantir que les femmes
puissent choisir parmi une large
gamme de contraceptifs, le
projet Améliorer la méthode
contraceptive utilisée (Improving
Contraceptive Method Mix, ICMM),
mis en place par K4Health, travaille
à étendre la disponibilité en DIU
et implants. Et pour mobiliser des
ressources pour la planification
familiale au niveau local, l’initiative
KB Kencana soutient les efforts
de sensibilisation visant les
responsables politiques du district
(voir l’encadré, Zoom sur le
Projet RRM).
L’Indonésie reconnaît qu’un programme de planification familiale réussi est synonyme d’un avenir plus radieux et plus sain pour tous : pour les femmes, les enfants, les familles, les communautés et l’ensemble du pays. Il incombe aussi à chacun d’atteindre cet objectif.
Des stratégies pour sensibiliser à la planification familiale et générer de la demande sont aussi mises en œuvre. La campagne « Le bon moment, la bonne méthode, mon choix » (The Right Time, Right Method, My Choice), dirigée par le Centre de programmes de communication (Center for Communication Programs, CCP) de Johns Hopkins, touchera 2,9 millions de femmes à travers la radio, la télévision, le tirage papier et les ventes en ligne. Un autre projet mené par le CCP apporte un message sur la planification familiale aux femmes à travers des groupes de prière, des lectures du Coran et autres activités organisées par Muhammadiyah et Nahdlatul Ulama, les deux plus grandes organisations musulmanes du pays. Le projet explorera aussi les réseaux de crèche et de pré- scolarisation pour toucher les jeunes mères.
Le Comité des pays participant à FP2020, réuni en 2013 par le Conseil national indonésien sur la population et la planification familiale (BKKBN), rassemble les nombreuses parties prenantes qui participent à ce grand projet de revitalisation : le gouvernement, les ONG, la société civile, le secteur privé, les partenaires de développement et les donateurs. La direction stratégique est fournie par BKKBN, tandis qu’un budget grandement augmenté (le budget de l’Indonésie pour la planification familiale a quadruplé entre 2006 et 2014) soutient les efforts à tous les niveaux.
L’Indonésie reconnaît qu’un
programme de planification
familiale réussi est synonyme
d’un avenir plus radieux et plus
sain pour tous : pour les femmes,
les enfants, les familles, les
communautés et l’ensemble du
pays. Il incombe aussi à chacun
d’atteindre cet objectif.
Gotong royong.
Zoom sur le projet RRM :
Yayasan Cipta Cara Padu
Intitulé du projet : Soutenir la
revitalisation de la planification
familiale en Indonésie
Bénéficiaire de la subvention : Yayasan Cipta Cara Padu (YCCP)
Lieu : Java orientale, Sulawesi
du Sud, Maluku et Papouasie,
Indonésie
Date de commencement : Juin 2015
« Étendre l’accès à la planification familiale n’est pas juste l’affaire du gouvernement », affirme Inne Silviane. « C’est l’affaire de tous, des ONG, de la société civile, de tous. »
Inne Silviane est la directrice exécutive de Yayasan Cipta Cara Padu (YCCP), une organisation à but non lucratif basée à Jakarta qui mène plusieurs efforts de sensibilisation en Indonésie. Avec un financement du Mécanisme de réponse rapide de FP2020, YCCP travaille à entretenir le soutien en faveur de la planification familiale au niveau local.
Dans le système politique décentralisé d’Indonésie, la majeure partie du budget alloué à la planification familiale est contrôlée par les villages et les gouvernements de districts. « Généralement, la planification familiale ne figure pas au nombre de leurs priorités », affirme Inne. « Ils pensent plutôt aux infrastructures : les routes, les écoles et les logements. » La tâche de YCCP est de montrer aux parties prenantes locales comment promouvoir la planification familiale de façon convaincante et percutante afin de trouver des financements.
La première étape est de constituer un Groupe de travail de district dont les membres émanent du gouvernement local, du bureau BKKBN local, des groupes de femmes, de l’association des sages-femmes, des groupes religieux et communautaires et du secteur privé. Une fois établi, le Groupe de travail du district fonctionne en tant que comité de sensibilisation multisectoriel en faveur de la planification familiale et pèse de manière significative sur les décisions budgétaires locales.
C’est une approche qui a déjà démontré son efficacité en Indonésie. Le projet de YCCP fait partie de l’initiative globale KB Kencana, lancée par BKKBN en 2012 et utilise un schéma de sensibilisation dirigé par Advance Family Planning.
La raison pour laquelle cela
fonctionne, explique Inne, est que
cela repositionne la planification
familiale en tant que question
communautaire. « Il faut avoir
l’adhésion de tous », dit-elle.
« Puis tout le monde y trouve un
intérêt. »
Photographie : Prashant Panjiar/Bill & Melinda Gates Foundation
